« Des poussières dans le cœur » (reçu le 16 nov 2018)

17 novembre 2018 – Billet


Un texte écrit et confié par un lecteur du livre, qui semble l’avoir parcouru avec une colère et une émotion constantes.

Par ces mots et ses rimes, l’auteur/lecteur pointe la responsabilité du Directeur de l’usine Fertiladour, dans ce qu’il avait de pire à conserver : l’apparence insouciante d’un homme aux mains propres.

Direction de Fertiladour (à gauche) quittant les locaux de la sous-Préfecture de Bayonne – octobre 2011

Merci encore pour ces mots très émouvants, et un grand merci également à sa messagère qui me les a transmis.


Qui peut te croire aujourd’hui ?
Qui peut te pardonner ?
Quel respect as-tu pour ces vies ?
Même ton miroir ne peut plus te regarder.

Tu savais tout, tu étais directeur
Tu les as envoyé tutoyer la mort
Sans protection mais pas sans peur
Croire à ta confiance ils avaient le tort.

Ils étaient ta proie, tu étais leur tueur
Inhumain, sans pitié ni remord.
Le plaisir dans ton regard voyeur
Glaçait le sang de leurs efforts.

Aidé par un état laxiste
Complice de tes forfaits
Libre d’allonger la liste
De tes abus mauvais.

Leurs mains de travailleurs courageux
Soulevaient des tonnes de poussières mortelles
Qui rongeaient leurs poumons devenus trop vite vieux
Et laissaient les plus graves séquelles.

Ils allaient en enfer pour faire vivre leur famille
Effaçaient les traces du danger pour un peu plus d’argent
Pour donner un peu plus à leurs garçons,
à leurs filles Ignorant que la maladie gagnait du temps.

Combien de morts fallait-il ?
Combien de vies brisées ?
Pour combler ton bonheur mercantile
Et stopper ta folie avancée.

Après toi resteront des terres polluées pour l’éternité,
Que, lâchement, tu voulais vendre aux promoteurs
Telles qu’elles, encore empoisonnées
Comme un héritage mortel et menteur.

Des familles se sont soulevées
Pot de terre contre pot de fer
Des miettes distribuées
Volonté de refermer la porte de l’enfer.

Quand ton miroir se brisera fatigué par ta méchanceté
Peut-être penseras-tu à ces travailleurs
Que tu as laissé mourir par vanité
Et ces poussières qui ont durcis tellement de cœurs.

Écrit le 12/11/2018


Photo : Nathalie Leblond
Photo : Nathalie Leblond
Photo : Nathalie Leblond
Photo : Nathalie Leblond